A l'occasion de ce premier numéro de la nouvelle édition de l'Esprit, il me tenait à coeur d'aborder le sujet important de la Révolution Spirituelle, qui doit accompagner une profonde mutation économique et sociale et débarrasser l'Homme de l'individualisme et du collectivisme. L'ordre nouveau, dans lequel nous serions à la fois reconnectés à la nature et à la société, se basera sur un fédéralisme personnaliste et communautaire dans lequel nous redeviendrons des personnes, ce que la bourgeoisie a tenté de nous retirer. Et pour accomplir la Révolution Spirituelle, chacun doit trouver en lui la foi et suivre ses croyances ; la religion nous sauvera de l'État.

L'Homme est en crise, en crise spirituelle. Cette crise implique une déconnexion totale de l'individu à son âme, l'État ayant accaparé son intérêt. Mais la personne subsistant au fond de chacun sait qu'un État, qu'il soit libéral, socialiste ou autoritaire, n'est qu'une solution bourgeoise pour nous piéger dans des mécanismes politiques ineptes faisant passer l'économie avant les personnes. Pour rendre à l'Homme toutes ses capacités, toute sa créativité, toute sa liberté, il est urgent de nous défaire de la notion d'État telle que nous la connaissons.

Étienne Borne

Le Personnalisme c'est, d'abord, la Primauté du Spirituel sur les considérations économiques et politiques. Si je devais résumer cette philosophie, je le ferais ainsi : « Le spirituel commande le politique et l'économique. L'esprit doit garder l'initiative et la maîtrise de ses buts, qui vont à l'homme par-dessus l'homme, et non au bien-être ». Le Personnalisme, c'est la séparation de la personne et de l'individu pour remettre la première au centre ; l'individu a sacrifié sa spiritualité, sa créativité et sa liberté au profit d'un idéal petit-bourgeois, alors que la personne est entière, faite à la fois de chair et d'âme. Le Personnalisme, c'est être entièrement soi, dans sa dimension physique comme spirituelle.

Le bourgeois est un être incapable d'évolution spirituelle ; trop abandonné à son individualité et ignorant sa personne, ignorant sa nature et sa position dans la société, le bourgeois ne vit qu'à travers le libéralisme. Après tout, pourquoi ferait-il autrement ? Il a inculqué et imposé à la société, tout au long du XIXème siècle, l'individualisme et a mis en place l'État pour s'assurer de la domination de son idée. Le bourgeois est, aujourd'hui, incapable de se rendre compte de l'atrocité qu'il a créé, car il a oublié qui il était et ne vit que dans la complaisance de sa création.

On me demande régulièrement quel est mon rapport à Karl Marx, me répétant inlassablement que ma philosophie s'approche de la sienne ; et à ces gens je réponds que Marx était socialiste alors que je suis personnaliste. Le socialiste, lui, ne vit qu'au travers de l'État. Pour combattre l'individualisme il se réfugie dans un État total, dans lequel sa liberté est sacrifiée sur l'autel du combat contre le libéralisme. Le socialiste ne se rend pas compte qu'il troque sa liberté pour reprendre sa créativité. Mais que vaut l'un sans l'autre ? La personne est entière et ne saurait se satisfaire de n'être qu'une partie d'elle-même. Non, je ne suis pas socialiste, car je ne me dévoie pas et je refuse de sacrifier une part de ma personne pour en récupérer une autre.

Jean-Pierre Maxence