Le Lundi Noir a des conséquences catastrophiques en Birmanie, le prix des ressouces s'effondrant et de nombreuses personnes ne pouvant plus vivre correctement. Le peuple en appel au gouvernement pour soutenir l'économie en ces temps de crise, mais l'aide gouvernementale est absurdement ridicule par rapport à ce qui est nécessaire.

 Quelques jours avant l'éclatement des émeutes de Rangoon, le Président de Burma, U Ba Pe, avait annoncé le déménagement de ses appartements dans le Palais Royal de Mandalay, dans la ville éponyme, forçant les réunions du gouvernement à se faire là-bas. Dans le communiqué officiel de l'État à ce sujet on pouvait lire : "Monsieur le Président U Ba Pe espère pouvoir profiter de la puissante énergie des rois Mindon et Thibaw encore présente sur les lieux. Monsieur le Président  U Ba Pe promet que ces nouveaux locaux permettront de mettre un terme aux fléaux qui nuisent à la Grande République de Burma de la manière la plus efficace possible. Ainsi parla Monsieur le Président U Ba Pe, guidé par la lumière de Bouddha."

 Le 26 juillet éclatèrent les émeutes de Rangoon. U Ba Pe envoya les forces de l'ordre pour disperser les étudiants tandis que trois cent hommes de l'armée étaient déployés autour du Palais Royal afin de "protéger le Président". De violents affrontements eurent lieu dans la capitale entre la police et les émeutiers, tuant l'un de ces derniers. Les étudiants finirent par monter des barricades dans l'Université de Rangoon et les forces de l'ordre ne parvinrent plus à rentrer dans l'édifice.

 Le 5 août, un professeur de l'Université ayant vécu la Révolution Britannique et s'étant rallié aux étudiants proclame la "Commune de Rangoon".

  La Garde de la Patrie lança très rapidement l'assaut depuis l'est du pays. Une division de 10 000 hommes avança dans les montagnes, ralentie par les chasseurs alpins socialistes, qui opérèrent une guérilla contre les nationalistes. Profitant de leur expérience, de leur connaissance et des postes avancées militaires présents un peu partout dans la région (et étant sous leur contrôle), les chasseurs alpins rendirent la vie des Gardes impossible. Chaque col, chaque passage devenait l'objet d'une embuscade. La 1ère Division de la Garde due se diviser en de nombreux régiments afin de pouvoir progresser plus simplement ; mais il suffisait d'une vingtaine de chasseurs pour créer le chaos dans la formation des Gardes. Finalement ce furent seulement un peu moins de 7 000 Gardes qui arrivèrent dans les plaines centrales, les autres étant soit morts, soit trop blessés, soit encore retenus dans les montagnes par les chasseurs.

 Mais désormais les nationalistes avaient l'avantage : mieux armés et plus nombreux, ils prirent d'assaut Mandalay afin de reprendre cette ville symbolique pour la nation Birmane. Les quelques 4 000 miliciens socialistes dans la ville ralentirent les Gardes autant que faire se peut ; a fortiori puisqu'ils étaient avertis de leur arrivée grâce aux chasseurs. De violents affrontements eurent lieu dans les quartiers extérieurs de la ville, la Garde tentant d'encercler les socialistes sans y parvenir. L'encerclement ne put être effectué que le 30 novembre, date à laquelle la résistance de Mandalay tenait toujours avec une hargne étonnante. Et le 8 décembre vit l'arrivée des renforts Indiens qui brisèrent l'encerclement grâce à l'effet du surprise et créèrent un deuxième front face à la 1ère Division de la Garde. En quelques jours les socialistes reprirent un net avantage, reperdu dès le 17 décembre à cause de l'arrivée sur le front des volontaires Japonais.
 
 Ayant contourné les chasseurs alpins, encore occupés face aux Gardes dans les montagnes, les volontaires Japonais atteignirent Mandalay et vinrent renforcer la ligne nationaliste. La puissance de feu et l'excellent commandement présent parvinrent à faire céder les défenses socialistes et la Garde entra dans Mandalay. Les affrontements de rue débutèrent le 24 décembre tandis que le front se stabilisait autour de la ville coupée en deux. A peu près à la même date les socialistes recevaient beaucoup de matériel militaire venu du Bharatiya, notamment des mitrailleuses légères, des mortiers et quelques grenades, qui présagèrent une reprise de l'avantage par les révolutionnaires.
 
 Dans les montagnes, les chasseurs alpins Indiens arrivèrent le 20 décembre en renfort aux chasseurs alpins socialistes et coupèrent les Gardes de leurs bases dans l'est du pays. Les nationalistes de Mandalay devront désormais vivre entièrement sur le pays et combattre sans point d'attache, leur donnant un désavantage certain.

 La 2ème Division de la Garde, elle, lança l'assaut contre Taungû afin d'ouvrir la voie vers Rangoon. La faible garnison de la ville tenta de profiter des anciennes murailles pour tenir la position mais rien n'y fît : la Garde profita d'une brèche au sud et s'empara de Taungû, faisant un véritable carnage parmi les défenseurs socialistes, qui se replièrent en catastrophe vers Pégnu. La Garde se lança à leur poursuite mais fût arrêtée à une dizaine de kilomètres de la ville par l'artillerie socialiste qui joua du canon pour les stopper, soutenue par les chasseurs de l'armée Birmane qui mitraillèrent la colonne en marche - ce qui eut pour effet de distraire et de ralentir les nationalistes, sans faire de réels dégâts.
 
 Cette destabilisation permit aux 1ère et 2ème Brigades des Milices Socialistes, qui s'étaient elles-mêmes renommées les Brigades de la Commune, d'arriver en renfort à Pégu. L'armée socialiste était alors forte de 12 000 miliciens, 20 pièces d'artillerie et 20 chasseurs contre les 10 000 miliciens de la Garde. La Bataille de Pégnu s'engagea le 22 novembre et fût la bataille la plus violente des Guerres Asiatiques jusqu'alors, exceptée les batailles du Guangxi. Les Gardes déployèrent des mortiers et des mitrailleuses légères pour affaiblir les défenses socialistes, le tout sous le feu de l'artillerie et des chasseurs de ces derniers. Une redite de la guerre des tranchées se fît durant cette bataille qui vira à l'immobilisme. On nota tout de fois rapidement que les Gardes prenaient l'avantage grâce à leurs commandants plus expérimentés et leurs armes plus modernes et de meilleure qualité.
 
 La 1ère Compagnie d'Automitrailleuses socialiste arriva le 12 décembre pour prêter main forte dans la Bataille de Pégnu. Cette aide inespérée permis de stabiliser le front dans la région. Il y a fort à parier que ce front n'avancera plus désormais, à moins que des renforts arrivent d'un côté ou de l'autre ou que la Bataille de Mandalay ne s'achève.

  Le front de Mandalay se maintient jusqu'au 10 janvier 1937 où les lignes socialistes se fracturent progressivement. Un cruel manque de communication entre les Indiens et les Birmans provoque des contre-ordres et un manque de coordination entre les armées, provoquant de sévères défaites. Progressivement la Guarde de la Patrie repousse les socialistes de Mandalay jusqu'au 23 janvier où la ville est complètement reprise, notamment grâce à l'arrivée de nouvelles cargaisons d'armes Britanniques sur la ligne de front qui donneront à la Garde l'avantage qui leur manquait. L'armée socialiste se replie sur Monywa pour réorganiser les troupes. Les nationalistes, eux, envoient rapidement du renfort au Sud, à Pégnu, renforts transportant du ravitaillement Britannique.

  Au Sud, donc, la bataille se poursuit dans un immobilisme latent. Les bombardements réguliers des socialistes bloquent les nationalistes sur leurs positions, mais la supériorité militaires de la Garde empêchait une contre-offensive. Il fallut attendre le 29 janvier que les renforts Nippons venus de Mandalay relancent l'assaut nationaliste. Les socialistes Birmans, en face, lancèrent une contre-offensive immédiate et violente et un nouvel affrontement meurtrier opposa les deux armées. La supériorité du matériel et l'expérience étaient du côté des nationalistes, mais les officiers et les véhicules étaient du côté des socialistes. Pégnu fût complètement ravagée par cet affrontement qui provoqua de très nombreuses pertes civiles. Des journalistes de l'Internationale et de l'Empire du Japon sont venus sur place pour rapporter dans leurs pays ce qui se passe en Birmanie et l'opinion publique en fût choquée.

 On put ainsi, en Occident et au Japon, voir des photos de civils obligés de courir de ruelles en ruelles entre deux salves de tirs pour aller chercher à manger. Les femmes serrent leurs enfants contre elles pendant ces courses effrénées afin de leur éviter de prendre des balles perdues ; dans les quartiers les plus touchés par les frappes d'artillerie socialistes et les mortiers nationalistes, il ne reste presque plus aucun bâtiment qui tient debout. Les populations sont forcées de se regrouper dans les immeubles qui ne se sont pas effondrés et de vivre en communautés pour survivre à la bataille. Ceux qui avaient dû s'établir dans le no man's land durant la phase immobile de la guerre sont épuisés, sales et blessés, n'arrivant à dormir que lorsque la fatigue était plus forte que les explosions d'obus autour d'eux - obus qui atterrissaient parfois juste à côté de chez eux. Plusieurs photos montrent des hommes et des femmes défigurés, meurtris par les éclats.
 
 Et tandis que le reste du monde s'indignait des horreurs qui se déroulent à Pégnu, la bataille se poursuit. Les Brigades de la Commune mènent une percée sur le front ouest, soutenues par les auto-mitrailleuses, faisant par effet domino s'effondrer tout le front de la Garde de la Patrie. Elle est finalement boutée hors de Pégnu et doit se replier en catastrophe, ayant jetée toutes ses forces dans l'assaut. Les volontaires Nippons, refusant catégoriquement d'abandonner leurs positions, se retrouvent de fait à couvrir la retraite des Gardes alors que les socialistes menaient ce que la propagande nommera la Dernière Charge. Contournés, encerclés et débordés, les volontaires Japonais furent massacrés et finirent par donner leur reddition après avoir perdu des centaines d'hommes, tandis que la Garde s'était repliée dans les montagnes dans la région de Loikaw.

 Bien que la perte de Mandalay fût un sévère coup pour les socialistes, la Bataille de Pégnu fût une victoire. Et cette bataille avait déclenchée un engrenage vicieux. Au Japon, des manifestations éclatèrent du 3 au 7 février suite à la publication dans la presse des révélations sur la Bataille de Pégnu. L'opinion populaire de l'Empire ne voyait pas l'intérêt que ses jeunes hommes aillent se battre en Birmanie et meurent dans des conditions si effroyables, et exigeaient de l'Empereur qu'il organise le rapatriement des volontaires et des ressortissants Japonais en Birmanie. Le slogan "Taiyō kara tōku hanareta shi wa arimasen!", soit "Aucune mort loin du Soleil !" devenait populaire. Dans les pays Européens de l'Internationale, on questionnait l'intérêt de la Révolution si elle devait mener à cela : en quoi les Birmans sont-ils aujourd'hui libres ?
 
 A Mandalay la Garde investit le Palais Royal et sortit Saya San des geôles d'U Ba Pe. Retenu prisonnier dans d'effroyables conditions, le Bouddhiste fût nommé "Moine-Roi de Birmanie". Le 9 février la Garde défila dans Mandalay et, à 14h10, une série d'explosions retentirent ; des terroristes socialistes avaient placé une bombe dans le palais et avaient détruit plusieurs représentations de la Monarchie : statues, bâtiments... Le moral des soutiens de la Garde s'effondra suite à ces attentats, autant que l'hostilité des monarchistes Birmans envers les socialistes augmenta. Mais désormais, stratégiquement, Mandalay n'avait plus aucune valeur : le symbolisme de la ville était anéanti et la position n'avait rien de particulier. Et les socialistes Birmans et Indiens se réorganisaient dans l'Ouest du pays, prêts à relancer l'assaut contre la Garde.